All Articles by Caroline Mazel

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La généalogie en architecture : la quête des origines

A l’évocation des termes généalogie, filiation, héritage, nous pensons génétique, droit ou encore psychologie, rarement architecture ! Pourtant, des filiations existent entre les bâtiments des différentes époques et civilisations. On peut parler d’une forme de continuité et souvent, la tradition est inscrite dans la modernité. Pyramides égyptiennes, abbayes cisterciennes ou encore fermes paysannes ont été attentivement étudiées par les plus grands, dont les architectes du Mouvement moderne, qui ont pourtant prétendu faire table rase du passé. En considérant que « l’architecture vient des stratifications de la mémoire » -Roland Simounet-, nous nous interrogerons sur l’architecte créateur ou inventeur et sur les idées prétendument nouvelles d’aujourd’hui.

© archi : N. Foster, photo : Arslan

Fernand Pouillon : un architecte social en quête d’intemporalité

Fernand Pouillon a fait jeu égal avec Le Corbusier. Plus intemporel et moins révolutionnaire, il se disait « continuateur », cherchant à tisser des liens avec les techniques et formes du passé. En construisant des logements en nombre, à moindre coût et en un temps record, il a défié le milieu de l’architecture et s’est fait de nombreux détracteurs. Engagé dans la vie de la cité, il avait très tôt compris que « l’architecte devait être un métier social ». Par son architecture urbaine, il a su proposer une alternative aux grands ensembles avec des quartiers harmonieux où il fait bon vivre aujourd’hui encore. Avant que le concept ne soit d’actualité voire à la mode, et souvent vidé de son sens, Fernand Pouillon, en bâtisseur, avait le souci d’un développement durable.

© archi : F. Pouillon, Meudon la Frët, photo : F. photo

Plaidoyer pour les grands ensembles

Durant les 30 glorieuses, 8 millions de logements sont construits pour résoudre la pénurie qui frappe la France. Après un accueil enthousiaste, dès les années 60, les premières critiques se font entendre à l’encontre des grands ensembles, jugés « inhumains » voire « concentrationnaires ». Encore aujourd’hui, leur rejet est quasi systématique. Rares sont ceux  qui les considèrent comme des éléments de notre patrimoine. Pourtant, en dépit des difficultés qui ont façonné leur histoire, beaucoup présentent des qualités indéniables, absentes de la production actuelle. Détruits voire défigurés sous couvert des vertus de la rénovation urbaine, ils sont victimes d’un déficit de recherche historique. Cette conférence a pour finalité de participer à changer notre regard à leur égard.

© photo J. Barras, Orgues de Flandre, M. Van Treeck, Paris

Labellisation de Médiarchi au titre de l’Année européenne du patrimoine culturel

Pour son engagement en faveur de la médiation de la culture architecturale et urbaine, Médiarchi vient d’être labellisé dans le cadre de l’« Année européenne du patrimoine culturel ».

 Le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne ont adopté le 17 mai 2017 la décision proclamant 2018, « Année européenne du patrimoine culturel ». Elle vise à encourager « les citoyens européens à découvrir et explorer le patrimoine afin de renforcer le sentiment d’appartenance à un espace européen commun ».

Afin de valoriser les meilleures pratiques pour assurer la conservation et la sauvegarde du patrimoine mais également pour développer sa connaissance auprès d’un public large et diversifié, le Ministère de la Culture et de la Communication labellise l’action des acteurs investis dans ce sens.

Si la singularité du propos de Médiarchi consiste à mettre en lumière depuis 15 ans la vocation sociale et politique de l’architecture, les programmations 2017-18 et 2018-19 illustrent particulièrement la capacité de l’architecture à contribuer à la cohésion et à la citoyenneté européennes :

  • Les thèmes des conférences, malgré les frontières, traduisent les valeurs communes que partagent les Européens: « L’architecture : la vocation du bien vivre ensemble », « Le mémorial ou la mémoire mise en espace », « Beauté et esthétique en architecture », « L’Art dans la ville, pour faire cité », « Paris-Berlin, destins croisés », « Histoire et actualité des stations balnéaires : de la complexité d’aménager le littoral », …
  • Les voyages à la découverte de l’école de Porto et du Berlin de la République de Weimar montrent les origines et déclinaisons d’une Modernité abordée comme une cause humaniste plus que comme style mais aussi comme un héritage, élément de dialogue interculturel.
  • La future exposition itinérante « Les généalogies en architecture. Références européennes et mondiales, expressions régionales. L’exemple de quelques maisons remarquables en Bretagne et Nouvelle Aquitaine » labellisée en février 2018 par le réseau de la Culture Scientifique Technique et Industrielle en Nouvelle Aquitaine[i] revendique les attaches historiques, culturelles, philosophiques de l’architecture et révèle comment existent des filiations entre l’architecture des différentes époques et civilisations à l’échelle locale, européenne et internationale. Elle rappelle enfin que l’architecture est porteuse de sens, qu’elle est et doit rester une pratique culturelle.

Le partenariat instauré entre Médiarchi et plusieurs villes en Finistère, Charente-Maritime, Gironde, Dordogne, Pyrénées-Atlantiques, … a permis, au travers de rendez-vous réguliers, d’inscrire les conférences autour de l’architecture dans une forme de quotidienneté sur ces territoires. Elles font de l’architecture au sens large (du design en passant par l’urbanisme jusqu’au paysagisme) une pratique culturelle comme une autre. Les auditeurs (entre 50 et 200 sur chaque site) y trouvent l’occasion de se saisir de cette discipline, de la « prendre » afin « d’apprendre » à en débattre, de devenir plus actifs dans la fabrication de leur cadre de vie.

Nous y voyons une reconnaissance encourageante et remercions nos partenaires et auditeurs pour leur accompagnement.  

A bientôt !

 

[i] Organisée en partenariat avec l’enseignement en Médiation de l’architecture de l’ensapBx.

Le DEPS publie « La culture architecturale des Français »

Le 08 mars vient de paraître l’ouvrage sur « La culture architecturale des Français » sous la direction de Guy Tapie, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, chercheur au laboratoire de recherche « Profession, architecture, ville, environnement » (PAVE) et au centre Émile-Durkheim (CNRS), en collaboration avec Patrice Godier, sociologue, et Caroline Mazel, architecte, enseignants et chercheurs à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux. Avec la collaboration de Fanny Gerbeaud et Roberta Ghelli, architectes, et Antoine Veretout, statisticien, ont contribué à cet ouvrage.

Qui aujourd’hui n’a pas entendu parler de Jean Nouvel, Le Corbusier ou Antoni Gaudí, du Centre Pompidou dont l’architecture industrielle en plein centre de Paris créa la polémique au début des années 1970, ou encore du musée Guggenheim à Bilbao ? Si quelques architectes stars et certains bâtiments ont acquis une notoriété médiatique mondiale, l’architecture reste pourtant une discipline peu connue des Français.

Considérée d’abord comme un domaine savant d’expression artistique, l’architecture est aussi victime de cette image réductrice, formée pour l’essentiel par les rares références patrimoniales dispensées à l’école. Pourtant, la singularité de l’architecture est de s’éprouver partout, tout le temps, dans un cadre de vie. La consultation, chaque jour plus fréquente, des habitants sur des projets d’urbanisme, la sensibilité croissante aux économies d’énergie, et l’action des médiateurs de l’architecture changent aujourd’hui peu à peu la relation des Français à l’architecture, sinon aux architectes.

Dans la tradition de la sociologie des représentations, l’ouvrage restitue les résultats d’une vaste enquête interrogeant différents publics (candidats au concours d’entrée des écoles nationales supérieures d’architecture et étudiants diplômés, architectes en activité, grand public et médiateurs) sur leur connaissance d’une discipline et d’une profession qui engagent le rapport du citoyen à l’espace bâti dans lequel il vit.

Pour plus de renseignements

 

L’ECOLE DE PORTO / octobre 2018

Dans les années 1960, l’école dite de Porto a été le symbole de la renaissance qui était en train de germer face au régime conservateur de Salazar. Le monde entier a alors porté son regard vers ce petit pays à l’extrémité de la péninsule ibérique où des architectes ont résisté pour faire entrer la modernité dans la ville et la vie. Carlos Ramos, Fernando Tavora et Alvaro Siza notamment ont participé à l’émergence de la Révolution des œillets en combattant l’enseignement académique  hérité des Beaux-Arts. Puis, dans les années 70, ils ont inauguré un temps fort de débat civique sur le droit au logement et à la ville. D’autres générations comme Eduardo Souto de Moura ont par la suite marché dans leurs pas, conservant leurs valeurs tout en cherchant leur autonomie.

Ce voyage nous donnera l’occasion de voir et de comprendre ce qui a fait la renommée internationale de l’école de Porto. D’une part sa capacité à trouver un équilibre entre modernité et traditions, une fusion intelligente entre références locales et globales. D’autre part, sa volonté farouche de fabriquer la ville pour et avec les habitants sans renoncer à la qualité architecturale et urbaine.

© Renata F. Oliveira

29 janvier 2018 / Séminaire « Quartiers résidentiels modernes d’après-guerre : enjeu pour la ville durable »

Dans le cadre du projet de recherche REDIVIVUS porté par les laboratoires PAVE et GRECCAU en collaboration avec le Forum urbain, et à la suite du workshop « L’habitat moderne revisité par la ville durable » organisé en mai 2017, ce séminaire propose de croiser les travaux sur les pratiques de préservation et d’intervention dans les quartiers résidentiels modernes d’après-guerre.

Intervenants :

Giulia Marino, architecte diplômée de l’Université de Florence, chercheur à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne et vice-présidente de la fondation pour la conservation de l’architecture moderne DOCOMOMO en Suisse

Caroline Mazel, architecte diplômée de l’ensapBx, enseignant-chercheur à l’ensapBx et au laboratoire PAVE

http://forumurbain.u-bordeaux.fr/Actualites/Seminaire-Quartiers-residentiels-modernes-d-apres-guerre-enjeux-pour-la-ville-durable-i5617.html

© L. Caradec ; agence Salier, Courtois, Lajus, Sadirac

Formation « Transmettre l’architecture »

Caroline Mazel interviendra dans le cadre de la formation «Transmettre l’architecture » organisée par l’ENSAG avec la Maison de l’Architecture de l’Isère et la participation des Maisons de l’Architecture Auvergne et Savoie.

Elle y évoquera l’action de Médiarchi, l’étude sur la Culture architecturale des Français et le DIE en Médiation de l’architecture contemporaine co-organisé par l’ensapbx et l’Université de Bordeaux.

 

Beauté et esthétique en architecture

L’architecture est souvent jugée au travers de sa seule apparence, renvoyant au goût de chacun. On la trouve belle ou laide. Mais est-ce suffisant pour l’apprécier ? Ce qui est esthétique est-il forcément bon, synonyme de qualité architecturale et urbaine et de bien vivre pour les hommes ? La beauté aurait-elle à voir avec l’esthétique ? Pour essayer de donner quelques pistes de réponse, nous définirons tout d’abord ces termes. Puis, nous nous demanderons si, dans un monde où le moindre objet de consommation est pensé avec un certain ‘’look’’ pour mieux séduire, l’architecture échappe ou non à la règle.

© C. Loufopoulos, archi : M. Gautrand