En lien avec quoi ?

Les sciences humaines, sociales et politiques

Je souhaite parler d’architecture en interférences avec d’autres disciplines. Tout d’abord les sciences humaines, sociales et politiques pour ne pas se contenter d’observer et d’apprécier la dimension matérielle de l’architecture. Mais bien pour comprendre ses origines, ses processus de fabrication, l’usage qui en est fait. Car l’architecture se pense, se rêve, se projette, se fabrique et se vit aussi. Ainsi, au travers d’une lecture critique, je propose de mettre en relation la forme et la fabrication de nos villes avec l’étude de notre société. Il s’agit également de parler d’architecture par des biais, a priori plus familiers de chacun, de ne pas se saisir de l’architecture de manière frontale mais en convoquant des disciplines que nous côtoyons plus quotidiennement : la politique, les sciences, la géographie, la mode, etc.

La musique, le cinéma, la danse, les arts culinaires

Il me semble intéressant de montrer que l’architecture, la musique, le cinéma… s’influencent, s’inspirent mutuellement, vivent d’aller-retour. Si chacun a sa valeur propre, la conjugaison de l’un, voire de plusieurs d’entre eux avec l’architecture a souvent été une source d’intense émotion durant nos activités. Ecouter une œuvre musicale tout en appréciant la salle philharmonique, l’écrin qui l’accueille est incomparable. C’est pourquoi j’essaie de provoquer le vécu simultané des arts, la conjonction du plaisir des yeux avec ceux des autres sens. S’ils peuvent être communiqués en deux dimensions -par le plan, le story-board, la partition-, leur perception est bien volumétrique. La musique par exemple n’existe pas en dehors de l’espace où elle est interprétée. En l’écoutant, j’entre en elle et je la perçois comme un espace plus ou moins chaud, coloré et profond. Si « la musique est la science du bien moduler » tel que l’évoquait St Augustin[1] autrement dit de composer dans le temps avec des rythmes, des proportions et des mesures, alors l’architecture est bien une mélodie, une « musique silencieuse » -Eduardo Chillida[2]-. Où comme le musicien assemble des notes, l’architecte associe matériaux et formes pour former un tout cohérent, composé. Où l’un écrit une partition claire, l’autre une structure organisée pour mieux y faire émerger l’invention. Où l’un et l’autre maîtrisent la technique au point de la dépasser et de laisser place à la création. J’aime aussi parler de la danse qui développe un vocabulaire commun avec l’architecture en tant qu’art sur l’espace et dans l’espace à partir du corps humain. Sans oublier le cinéma puisqu’un film génère un « espace filmique » réalisé à partir d’un « espace architectural » -Eric Rohmer[3]– et que les cinéastes, comme les architectes, sont bien des « constructeurs » -Dziga Vertov[4]-.

[1] Philosophe et théologien chrétien (354-430).
 [2] Sculpteur basque espagnol (1924-2002).
 [3] Réalisateur français (1920-2010).
 [4] Réalisateur soviétique (1896-1954).